La guerre est déclarée entre Washington et Pékin. Suite à la décision de l’administration Trump d’exclure 70 entreprises chinoises du marché américain des télécommunications dont le géant Huawei Technologies, on apprend ce lundi 20 mai, que Google a pris des sanctions assez strictes contre Huawei en lui retirant sa licence Android.
Une réaction trop vive de la part de Washington ?
Ajouté à la fameuse Blacklist de Trump, le géant chinois est soupçonné par Washington d’espionnage à grande échelle et est désormais considéré comme faisant partie des entités dangereuses pouvant potentiellement porter atteinte à la sécurité nationale. De telles pratiques se sont déjà produites dans le passé, mais ce qui diffère cette fois-ci, c’est que les Etats-Unis ont utilisé le principe d’urgence nationale pour arrêter le décret pris en date du 16 mai dernier à l’encontre de l’entité blacklistée.
Il s’agit d’un décret interdisant strictement aux entreprises américaines toute utilisation du matériel Huawei et tout échange d’équipement avec la marque soupçonnée d’espionnage et de vol de secret industriel. En attisant une guerre technologique qui a escaladé au-delà de la simple posture commerciale, l’administration Trump a fait prendre à cette affaire, une tournure clairement politique.
Pour comprendre un peu l’enjeu de cette guerre, il faudrait bien la situer et la replacer dans le contexte dans laquelle elle se déploie. Second fabricant mondial de smartphones derrière le leader Samsung, Huawei est le fabricant numéro un des équipements télécoms au monde et se place en lice dans la course à la 5 G en tant que pionnier. Alors que Huawei maitrise parfaitement la technologie 5 G, les Etats-Unis ont incontestablement cumulé du retard face à leur principal concurrent.
Au point que certains prêtent la cause du déclenchement de ce conflit retentissant entre Trump et Huawei à une volonté soupçonnée des américains de vouloir gagner du temps, combler leur retard et dans une certaine mesure, mettre les bâtons dans les roues du géant chinois.
5 G ou 5 Graal ? Qu’est ce qui justifie un tel tumulte ?
Vu les réactions démesurées et l’ampleur qu’a pris le conflit entre Trump et Huawei, on est en droit de se demander ce que peut représenter cette nouvelle technologie pour être à l’origine de cette nouvelle guerre froide. Plus rapide, plus intelligente et sans latence, la 5 G est la cinquième génération de technologie réseau mobile.
Pressentie pour révolutionner nos modes de vie et les performances des entreprises de tous les secteurs d’activités, la 5 G, appelée par certains « la fibre sans fil », est 10 fois plus rapide que la 4 G avec un niveau de latence quasi nul. Elle permet de bénéficier d’une connexion à haut débit en mobile, sans coupure, en haute définition, plus rapide et à moindre consommation. Capable de révolutionner les performances des acteurs dans plusieurs industries comme la logistique aérienne, maritime ou encore le secteur de l’énergie, la 5 G pourrait également profondément transformer notre vie quotidienne.
En 2035, la technologie 5 G pourrait à elle seule, générer plus de 12.3 trillions de dollars à l’économie mondiale et être à l’origine de 22 millions de nouveaux emplois. Lorsque l’on voit ces chiffres et que l’on sait que Huawei est le fabricant leader des équipements télécoms au monde, on comprend bien pourquoi la question de la 5 G est à l’origine de cette guerre technologique et commerciale.
Au rythme où évoluent les choses et face à la longueur d’avance cumulée par le leader chinois, c’est inéluctablement à ce dernier qu’incombera d’installer cette nouvelle technologie en raflant potentiellement ainsi une grande partie des gains générés.
C’est justement pour cette raison que les Etats-Unis se seraient décidés à mener cette guerre de front avec Huawei pour l’empêcher de gagner le marché mondial et se positionner en tant que leader. Washington avance l’existence d’une faille, de fonctionnalités cachées dans les équipements 5 G de Huawei capables d’accéder à des données confidentielles comme celles de l’armée, représentant donc une grave menace à la sécurité nationale…
Pour sa part, le PDG de la firme chinoise se montre très coopératif et se déclare même prêt à négocier des clauses de non espionnage…